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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 13:42


Tu sais, ça sent un peu comme chez les vieux
La citronnelle.
Cette odeur nostalgique, éloignant fourmis et insectes,
Un peu comme dans les armoires fermées trop longtemps,
Et qui s'ouvrent, usées par le temps,
Pour embaumer nos fragiles narines de ce vieux parfum d'antimites.
Ces vieillards, si beaux dans leurs rides, mais si encombrants !
Quand ils sortent le jour en ville
Ils laissent derrière leurs passages, cette odeur que l'on oublie guère
Cette odeur sénile et croupissante.
Un jour, un vieillard flageolant sur ses membres inférieurs
Est sortit de chez lui, pour rejoindre le petit club.
Sur un banc, pas loin de la porte du club
J'étais assis et regardais les oiseaux chanter.
Il a toqué, trois, quatre fois, je ne me rappelle plus bien
Et la porte s'est enfin ouverte
Laissant échapper cette odeur d'ennui et d'attente.
Cette odeur remplissait les alentours,
Et elle était tellement forte,
Tellement suffocante,
Tellement pauvre de vie
Que mon cœur s'est levé,
Et mes jambes m'ont alors abandonné.
Le petit vieillard n'a pas suffoqué,
N'a pas toussé,
N'eut aucun haut le cœur
Et est rentré dans ce temple de l'ennui et de la décrépitude.
Puis, il s'est assit sur une chaise en face d'un jeu d'échec
Ou l'attendait son partenaire.
De son bras long et fatigué,
Il prit la tour entre ses doigts usés
Et la regarda attentivement.
De petites meurtrières se devinaient du regard,
L'intérieur de la tour enfermait un homme accroupi, enchaîné au mur.
Dans le noir de la tour
Deux petits yeux scrutaient l'homme enchaîné,
Un minuscule rat savourait déjà son festin.
Il posa sa tour sur une case noire,
Et attendit, patiemment,
La riposte de son ami.
L'autre déplaça son cheval
Qui prit la tour !
Le vieillard,
Fou de son erreur,
Attrapa la reine et la lança dans l'œil de l’autre petit vieux.
Enfin de l'action, pensais-je !
Car,
Caché, comme un voleur, derrière un buisson
Je regardais par la fenêtre, les deux vieillards.
Sous la violence du choc,
L'autre renversa sa chaise
Et tomba sèchement sur le sol dur.
Tous les membres du club, regardaient impuissants
Les deux vieillards se battre, dans un corps à corps furieux.
L'un fouinant de ses doigts osseux l'oreille de l'autre,
Et l'autre écartelant les narines de son "copain".
Soudain dans le silence de la bataille muette
Un craquement sourd d'os parcouru la salle glacée.
Le vieillard était trop fragile,
Trop sec,
Trop vieux peut-être aussi.
L'autre se releva en regardant
Le corps inerte de son vieux copain.
Il gisait sur le carrelage froid,
Ses vertèbres cassées en mille morceaux,
Un nez écartelé,
Et ses yeux retournés dans leur globe oculaire.
Déjà,
Dans la rue grouillante de gens,
Des sirènes lancèrent leurs hurlements lugubres
Déjà,
La porte du club s'ouvrit,
Déjà,
L'odeur s'éparpillait dans la rue,
Déjà,
Les visages des flics devinrent livides,
Déjà,
La morgue arriva.
Et les petits vieux, témoins du drame
S'en allaient vers leur tanière.
La mort était rentrée
Et je revois encore,
La bataille de ces vieillards

Alors je ris,
Et je ris encore
Pensant qu'un jour
Nous deviendrons ces petits vieux séniles et débiles,
Se cassants comme des noix trop sèches
Se traînant dans la rue à la vitesse d'une enclume,
Se reposant tous les trois centimètres,
Ah ! Oui ! Laissez-moi rire
Laissez-moi mourir de rire !

Epilogue :

Puis des policiers sont venus,
Sont venus dans ma tanière
Car il paraît que je riais trop fort
Mais que pouvaient-ils bien faire
Face à ce cadavre qui se balançait
Dans le rocking-chair ?

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commentaires

D
c'est toujours un immense bonheur de te lire.<br /> tes écrits me transportent et ouvrent la porte à des milliers de souvenirs ......<br /> alors merci à toi !<br /> bisous<br /> dom
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