J'ai dix ans et les rails m'impressionnent,
J'aime les gares
Mais il paraît que je suis encore trop jeune.
Mais trop jeune de quoi ?
Je me suis souvent posé la question
Sans jamais y trouver la réponse.
Les gares sont fascinantes,
Non pas pour le plaisir des voyages,
Je ne sais pas ce que c'est,
Mais moi, ce qui m'intéresse
Ce sont les gares.
Alors, seul, quand je sors,
Je vais à la gare.
Je longe le quai et regarde les rails
Et les morceaux de bois qui sont au milieu.
C'est joli.
Puis, quand je suis fatigué,
Je m'assois sur un banc,
Toujours le même,
Un beau banc tout blanc et en bois,
Avec son armature de fer rouillé.
Je m'assois et je me tais,
Ne siffle pas,
Car il paraît que cela ne se fait pas.
Les enfants qui sifflent dans la rue
Sont des petits galopins
Qui n'ont rien à faire
Et qui préparent les 400 coups.
Alors, je suis là, passif,
A regarder passer les trains à toute vitesse.
Cela soulève de la poussière,
C'est joli ce nuage de poussière qui s'élève ainsi dans l'air.
J'aime ça.
Parfois,
Il y a des trains qui s'arrêtent,
Des gens descendent.
Ils me regardent.
Il y a des vieux messieurs
Et aussi
Des plus jeunes aux crânes rasés.
D'après ce que j'ai entendu dire
Ces jeunes font un service,
Un service d'ordre national.
Mais je n'en sais pas plus !
Je n'ai que dix ans après tout !
Et ces gens me sourient,
Et je leur réponds.
Mes parents m'en ont défendu,
Mais ça leur fait tellement plaisir.
Et puis, que peut-il m'arriver ?
Ils sourient, me regardent, et passent leur chemin.
Jamais ils ne se sont arrêtés
Ou m'ont offert quoi que cela soit, alors ?
Bien sûr, je ne sais pas à quoi correspond ce sourire,
Peut-être est-ce une manière de dire bonjour dans le monde adulte ?
Ou peut-être autre chose ?
De toute façon, je ne m'en préoccupe pas,
Et puis ils sont gentils
Puisqu'ils me sourient.
J'aime ça.
Je me souviens aussi,
Que quand j'étais encore plus jeune,
Les gens me prenaient pour une fille,
Cela ne me dérangeait pas,
Au contraire,
Cela m'amusait beaucoup.
Encore aujourd'hui,
J'ai gardé mon visage enfantin,
Mes traits et mes lignes du visage sont encore assez fins.
Oui ! Mais voilà,
Maintenant j'ai grandi
Et j'ai compris ce que voulaient tous ces messieurs,
J'ai compris leurs regards et leur sourire,
Et je trouve qu'ils étaient bien cochons
Tous ces messieurs !
PS oui c'est bien moi sur la photo !!! (lol)